Depuis plus de 15 ans, le métier de community manager a été sur le devant de la scène, incarnant à lui seul le parfait médiateur entre les marques et les utilisateurs sur les réseaux sociaux.
Pourtant, ces dernières années le community management semble peu à peu être en perte de vitesse. Bien que de nombreux centres de formation intègrent à leur programme une formation CM, les offres d’emplois sont en nette baisse depuis quelques temps. Les recherches sont plus diversifiées et vont davantage vers des profils qui sont hybrides.
.Si le rôle reste essentiel au sein de nombreuses entreprises, la réalité du terrain montre un intérêt décroissant pour ce poste, autant du côté des recruteurs que des professionnels eux-mêmes.
Le métier de community manager vit-il ses dernières heures de gloire ou vit-il simplement une transformation profonde ?
Community manager : un métier devenu ingrat et sous-valorisé
Le constat pourrait être est amer pour beaucoup de CM : entre la pression constante, les horaires décalés, la modération souvent pesante et les salaires qui peinent à suivre, le métier ne fait plus rêver comme avant. Le rôle est devenu de plus en plus un métier où la performance prend le dessus sur la créativité sans que le salaire suive.
Il suffit de jeter un œil aux offres d’emploi pour s’en rendre compte : les rémunérations proposées sont toujours entre 24/26K€ et 30/35K€ brut/an, pour des profils qui doivent être multitâches, créatifs, réactifs et forcément ultra-connectés. La polyvalence est poussée à l’extrême, au point de faire du CM un véritable homme-orchestre du digital, mais sans la reconnaissance qui va avec.
De plus chaque année il doit acquérir de nouvelles compétences, maitriser de nouveaux outils et sans cesse être en veille sur tous les changements opérés dans le monde du digital. Les journées de 7/8h ne suffisent plus à se former et à suivre le rythme.
Une autre des réalités rencontrées est la confusion autour du poste, où le community manager devient souvent un social media manager sur les offres sans que le salaire aille avec. La stragégie se mêle avec des compétences qui ne sont pas celles du CM à la base, bien que l’intitulé du poste reste community manager. Est-ce un moyen volontaire de sous-payer un profil à sa juste valeur ?
Le métier de CM ne fait plus rêver, entre recherche constante de performance, pression et salaire qui ne suit pas !
La croissance de l’IA en communication digitale
L’arrivée croissante des intelligences artificielles génératives a vite chamboulé le paysage du digital. En seulement quelques mois, des outils majeurs dont l’IA ChatGPT, ont permis de produire du contenu très rapidement et sans effort de la part de « créateurs de contenu ».
De quoi faire réfléchir certains recruteurs sur l’embauche d’un CM quand l’IA peut générer des publications en quelques secondes et permettre de gérer de multiples tâches. Certes ! rien ne remplacera l’humain mais les entreprises voient toujours la facilité et la rapidité au dépend de la qualité.
Même si la valeur humaine reste irremplaçable pour créer du lien, comprendre les communautés et gérer les crises, force est de constater que l’IA vient réellement concurrencer certaines tâches du CM. A ce stade c’est au CM de rapidement évoluer et se former à l’IA, pas juste superficiellement.
Cependant c’est encore une corde à ajouter à son arc, ce qui ne rend pas le CM expert, mais toujours un couteau Suisse qui n’aura jamais la rémunération méritée.
Les entreprises préfèrent parfois se trouver vers des profils CM indépendants et confier le reste des tâches à des outils automatisés, ou à des profils plus spécifiques.
Les rôles recherchés par les entreprises
Aujourd’hui les recruteurs ne sont plus seulement en recherche de community managers, bien que le métier de CM reste phare dans le digital. Ils veulent des profils hybrides, capables de jongler avec plusieurs expertises et de s’adapter rapidement aux nouvelles technologies dont l’IA.
Voici quelques métiers qui continuent de monter en puissance dans le secteur digital :
Social media strategist ou social media manager
Plus qu’un gestionnaire de communauté, ce profil est capable d’avoir une véritable vision stratégique au-delà du simple choix des plateformes sociales. Qu’il s’agisse d’actions à mettre en place, de stratégie éditoriale et de publicité sur les réseaux, le social media manager est avant tout un stratège.
Il pilote les KPIs, coordonne les campagnes et travaille en synergie avec le marketing et la communication. Il créé la stratégie à déployer par le community manager ainsi que les contenus dans certains cas. Il est le garant direct de la performance digitale sur les réseaux sociaux notamment. Le community manager n’est pas un stratège à la base, bien qu’il puisse endosser ce rôle au sein de petites structures, dans une petite mesure.
Content strategist ou content manager
La création de contenu devient centrale dans tous les métiers liés de près ou de loin au web. Ce rôle va bien au-delà des réseaux sociaux : on parle ici de SEO, de blogging, de création de newsletters, de vidéos YouTube… avec une vision orientée performance et ROIste.
Le contenu a créer n’est pas uniquement rédactionnel, mais intègre tous les formats et les types pour répondre à des besoins et attentes de la part des audiences ciblées.
Growth hacker
Ce profil à la croisée du marketing et de la tech à pour mission de maitriser et d’utiliser des leviers d’acquisition pour faire croître une audience « rapidement ». Automatisation, A/B testing, data, etc. il maîtrise des outils que les CM classiques ne connaissent pas forcément. C’est un profil généralement très curieux, passionné et à l’affut de toute forme de nouveauté dans son domaine.
Il a également des connaissances dans certains langages informatiques, pour coder et créer des applications.
UX writer ou content designer
Avec la montée en puissance des interfaces conversationnelles et des applications mobiles, la rédaction orientée UX devient un métier en soi. C’est l’art de guider l’utilisateur avec les bons mots, au bon endroit. Un profil qui est aussi à la croisée du copywriting, bien que ce dernier a vite été remplace par l’IA pour certains.
Curateur de contenu IA ou AI prompt engineer
L’IA a ouvert de nouvelles vocations s’orientant vers des expertises spécifiques : à savoir concevoir les bons prompts, utiliser les bons outils de génération, organiser, éditer et savoir exploiter les résultats, tout en gardant une cohérence éditoriale.
Cependant les outils sont encore dans une phase d’évolution et ne se contentent que de l’existant, notamment les données trouvées sur le web. Au-delà il manque forcément la dimension humaine, la réflexion et tout ce qui est à rapprocher du comportement humain. On ne peut donc pas encore parler d’expert IA à mon humble avis, car on est loin d’avoir atteint le plein potentiel des IA.
Ce n’est qu’un début, mais se former dés le départ et anticiper sur ce l’IA fera dans l’avenir est ce qui intéresse les entreprises. Donc le community manager n’est plus une priorité au sein des entreprises face à ce constat, bien qu’il soit encore un rôle recherché par de nombreuses strcutures.
Le community manager doit-il évoluer ou se réinventer ?
Difficile à dire car on ne peut pas sans cesse solliciter les community managers sur toutes les facettes des métiers du digital. Soit il y a des spécialisations reconnues autour du métier, soit il peut être préférable de se tourner vers des rôles plus porteur.
Face à ce constat, deux choix s’offrent donc aux CM :
- Évoluer vers un poste plus stratégique, en montant en compétences sur des sujets comme l’analyse de données, la publicité en ligne, le SEO ou encore la création de contenu spécifique. L’avantage est de mieux se vendre quand on répond à des besoins précis, avec un salaire qui sera lui pourrait être plus intéressant. Attention néanmoins à l’expérience gagnée en amont, car les débutants seront toujours à un salaire pus bas. Le poste à viser pourrait être le social media manager.
- Se spécialiser, en devenant par exemple un CM dédié à une plateforme spécifique (TikTok, Discord, Twitch, etc.), ou encore en faisant davantage état d’une expertise sectorielle comme le B2B, le domaine de la finance, la santé, le gaming, etc.
Les community managers qui tireront leur épingle du jeu sont ceux qui auront compris que le métier ne peut plus se résumer à ce qu’il était à ses débuts et jusqu’à il y a encore quelques années. L’IA a révolutionnée beaucoup de choses chez les professionnels;, notamment dans les mentalités où les dirigeants recherchent sans cesse de la rapidité d’exécution et du ROI rapidement.
En conclusion
La fin du community management n’a pas encore sonné, mais ce rôle doit forcément évoluer pour perdurer. Le métier tel qu’on le connaissait il y a 15 ans ne suffit plus à répondre aux attentes et aux besoins actuels des entreprises. Avec la montée en puissance de l’IA, les attentes en termes de performance et la valorisation des compétences stratégiques, cela pousse le métier de CM à devoir se réinventer.
Pour les entreprises, l’enjeu est de ne pas remplacer l’humain face aux systèmes d’automatisation. Le lien avec les communautés, l’écoute active et la créativité resteront des valeurs ajoutées que ni les IA ni les outils actuels ne remplaceront totalement.
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L’avenir nous dira si le community manager cédera face à la croissance des nouveaux métiers et/ou des IA qui deviendront plus performantes, mais une chose est certaine : il est indispensable de revoir et repenser le rôle du community manager dans l’écosystème digital.